Le Qatar: un pays qui déchaine les passions en France?

      

Suite à une conférence à l'Institut du Monde Arabe à Paris, jeudi 17 janvier sur "les banlieues et les paris du Qatar" une réflexion sur la société française face au monde arabo-musulman m'est apparue essentielle. 

Je m'explique. Les intervenants, forts intéressants que sont Nabil Ennasri, Mohammed Hakkou et Naoufel Brahimi El Mili ont bien expliqué pourquoi etcomment le Qatar investissait en France. Il ressort que malgré l'opinion publique (transmise par les médias) selon laquelle le Qatar essaie de "racheter la France", il n'en ait rien.  Il ne tente pas non plus d'imposer sa religion et il n'est pas question pour lui de financer nos mosquées. Cette stratégie n'est pas différente de celle du Qatar dans d'autres pays ou que celle d'autres pays comme les Etats-Unis en France. Une question se pose néanmoins, à quel prix accueillons-nous ces investissements étrangers? Qu'il s'agisse du Qatar ou des Etats-Unis, sommes-nous toujours libres même liés par de gros chèques à plusieurs zéros de nous indigner contre les atteintes aux droits de l'homme, les ingérences etc?

Après ce court résumé de la conférence d'une heure, je m'attarde sur la "séance de questions" qui a suivie. A ce moment là, les choses dérapent. Les commentaires putôt que les questions vont bon train concernant le respect des droits de l'homme au Qatar, l'assouvissement pseudo-religieux auquel laFrance va devoir peu à peu faire face, l'appétit incontrolé du Qatar en France, et même la légitimité de Bachar el Assad en Syrie (le rapport?!). Les interventions se font dans l'ordre ou dans le désordre, en demandant la parole ou en la prenant de force et on ne sait plus très bien si on assiste à une conférence-débat sur le Qatar ou à des manifestations solitaires contre l'injustice, le racisme, l'inégalité, l'interventionnisme, le capitalisme pour la défense des journalistes pour le droit à la recherche et que sais-je...

Ce type de dérapage quasi systématique lors de conférences "scientifiques" sur des questions touchant de près ou de loin aux populations arabo-musulmanes soulève donc des questions. Pourquoi en France la population arrive t-elle à être divisée entre:

- les français d'origines arabo-musulmanes se sentant terriblement stigmatisées, sautant sur toutes les occasions pour le faire savoir. 

et - les personnes d'autres origines voyant toute implication des pays arabes en France comme nécessairement mauvaise et à visée d'instrumentalisation politique ou religieuse?

Pourquoi ne parle t-on jamais des investissements colossaux d'autres pays en France alors que le Qatar défraie la chronique?

Mais ce qui ressort surtout, c'est que si l'on arrive autant à s'éloigner de la question de base lors d'un débat portant sur les investissements du Qatar en France, c'est qu'un certain nombre de problèmes sociaux et de rancoeurs mutuelles n'ont pas été réglées. Des "restes" de la guerre d'Algérie diront certains...

Le débat sur la légitimité des investissements du Qatar en France n'a donc pas eu lieu mais un beau reflet d'une partie de la société française s'est révélé.